Qu’est-ce que le burn out de l’aidant ?
À l’origine, le terme anglais « burn out » signifie « se consumer » ou « brûler de l’intérieur ». C’est le fait de dépenser son énergie jusqu’à épuisement total de ses réserves. La personne qui a tout donné se retrouve sans ressources. Elle est alors dans un état d’épuisement physique, intellectuel et émotionnel. Comme l’exprime si bien Grace Dos Santos (psychologue de la santé) dans notre podcast, le burn out, c’est d’avoir subi un état de stress trop fort et trop longtemps avant de s’effondrer. La seule solution pour faire remonter les jauges d’énergie, c’est un repos total.
Aujourd’hui, près d’un aidant sur deux se dit seul dans son rôle d’aidant, et 75% se sentent stressés, fatigués et isolés. Il est donc primordial de savoir déceler les signes du burn out de l’aidant et de connaître les bonnes pratiques pour l’éviter.
Quels sont les symptômes du burn out ?
Le burn out peut se manifester de différentes manières selon les personnes. Cependant, il est possible d’établir une liste de symptômes récurrents liés à cet épuisement. On distingue des symptômes physiques, émotionnels et cognitifs. C’est le cumul qui doit faire réagir. Parmi eux, on retrouve :
- une fatigue inhabituelle
- des troubles du sommeil (insomnies, réveils fréquents dans la nuit)
- des douleurs somatiques : douleurs inexpliquées par les médecins mais pourtant bien réelles (au niveau du dos, des articulations, des cervicales, maux de tête, maux de ventre)
- des troubles digestifs
- un changement de l’humeur et de l’irritabilité
- des ruminations
- des difficultés à trouver ses mots
- de la maladresse
- un sentiment de perte de contrôle
- une concentration difficile et une limitation importante dans le fonctionnement
- une perte de motivation
- une intolérance au bruit
- Des répercussions cutanées (acné ou encore inflammations de la peau comme l’apparition d’eczéma ou de psoriasis par exemple, dues au stress et à la fatigue)
Une perte ou une prise de poids peut également être observée chez certaines personnes ; l’anxiété provoque une perte d’appétit, ou au contraire le besoin de compenser par la nourriture. Le cortisol et l’adrénaline, des hormones de stress, vont aussi influer sur le poids : elles sont sécrétées en trop grande quantité et stockent la graisse pour répondre aux demandes énergétiques de l’organisme, tout en réduisant la masse musculaire.
Les causes d’un burn out
Les causes du burn out peuvent être multiples et dépendent des situations de chacun.
Les aidants subissent une charge de travail et de responsabilités considérable liées à la perte d’autonomie de leurs proches. Ils ont des difficultés à concilier leur vie personnelle et/ou leur vie professionnelle avec leur rôle d’aidant. Ils manquent alors de temps pour s’occuper d’eux-mêmes.
Le sentiment de ne pas être à la hauteur et l’impuissance face à la situation de leurs proches peuvent occasionner des risques psycho-sociaux comme du stress et de l’anxiété. Le fait de s’adapter aux situations stressantes implique la mobilisation de toutes les ressources vitales telles que des muscles tendus ou une accélération cardiaque. C’est ce qui provoque une diminution de ces ressources, un épuisement, et une dissonance cognitive et affective pour les personnes touchées.
Il existe aussi une forme de déni chez certains aidants : ils sous-estiment leur charge réelle et culpabilisent à l’idée de déléguer des tâches à des professionnels. Ils refusent alors de se faire accompagner, et ce jusqu’à l’épuisement.
Les conséquences de cet épuisement
Cet épuisement a un impact direct sur la santé des aidants. 27% d’entre eux affirment que leur situation a des effets négatifs sur leur santé et leur forme physique : 1/3 des aidants décèdent avant leur proche aidé de 60 ans ou plus, et 48% disent souffrir d’une maladie chronique.
Un état de grande fatigue et de stress qui favorise notamment des problèmes cardiovasculaires comme l’hypertension et l’augmentation du risque d’AVC et d’infarctus du myocarde.
Les personnes touchées peuvent aussi développer des dépendances nocives : alcool, cigarette, médicaments. Par exemple, selon une étude réalisée par l’Association française des aidants (2015), près de 25% des aidants ont vu leur consommation de médicaments progresser.
Un contexte de surmenage qui entraîne parfois des situations de conflits et/ou d’éloignement entre les aidants et leur entourage. Les relations se dégradent, avec leurs proches ou des collègues par exemple, mais aussi avec le proche aidé : isolement, irritabilité, colère, agressivité, impatience, négativité ou encore détachement affectif sont des conséquences notables du burn out.
Chez certains aidants, cet épuisement se traduit même par une incapacité à continuer d’aider correctement leurs proches en perte d’autonomie : on observe par exemple une diminution de la qualité des soins apportés, une perte de patience importante, de la mauvaise humeur, et une perte de sens par rapport à leur rôle d’aidant.
Aidant : comment éviter le burn out ?
Afin de prévenir le burn out, il est important de reconnaitre les signes avant-coureurs, mais aussi d’identifier les facteurs de risque, à savoir par exemple : une durée prolongée du rôle d’aidant, un manque de soutien social et émotionnel, des conflits familiaux, une accumulation du rôle d’aidant et d’une activité professionnelle, et/ou un manque de temps de repos et de loisirs.
Il est primordial de préserver sa propre santé. Cela implique de ne pas repousser ses rendez-vous médicaux personnels et de ne pas dépasser ses limites. Comment ? En demandant de l’aide autour de soi (proches, professionnels) et en bénéficiant des solutions de répit, dans la mesure du possible. Pour les salariés aidants qui souhaitent se ressourcer, il est possible de profiter des congés du proche aidant. Une bonne alimentation équilibrée et un sommeil de qualité, avec des heures de coucher régulières, vont aussi jouer un rôle clé sur leur santé.
De même, la question budgétaire peut avoir sa part de responsabilité dans l’épuisement des aidants. C’est pourquoi il est important de se renseigner sur les différentes aides financières disponibles dont l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), l’allocation journalière du proche aidant (AJPA), et la prestation de compensation du handicap (PCH).
Le bien-être des aidants passe également par un soutien extérieur. Obtenir de l’aide auprès d’associations ou d’organisations de care management est une solution possible pour réduire la charge mentale et ainsi éviter le burn out. Les entreprises vont elles-aussi avoir leur rôle à jouer : sensibiliser leurs équipes sur le sujet et former ses managers, être plus à l’écoute de leurs salariés aidants, ou encore permettre un aménagement de leurs horaires sont autant d’exemples de mesures à mettre en place chez eux.
La devise de Bulle d’Autonomie ? Se faire aider pour continuer à aider !
Sources :
Baromètre des aidants, Fondation April, 2022
Baromètre Ocirp, l’âge de l’autonomie, 2016
Baromètre de l’Observatoire solidaire, La Mutuelle Générale, 2021