Être aidant avec une philosophie de vie positive, c’est possible !
Aujourd’hui, nous avons rencontré Françoise, 72 ans officiellement, mais 25 ans officieusement.
Françoise est aidante auprès de son conjoint depuis 6 ans. Elle ne se bat pas, mais elle vit jour et nuit pour elle et pour son proche ; elle ne lâche rien.
Nous avons eu le plaisir de faire sa connaissance. Françoise a pu partager son expérience, avec beaucoup de joie et de positivité. Sa philosophie de vie est un vrai enseignement que nous souhaitions partager avec nos lecteurs.
Françoise est une femme avec plusieurs casquettes ! Elle a vécu plusieurs vies avant d’arriver à la retraite et elle continue à mettre en place tout ce qu’elle a appris au profit de son rôle d’aidante familiale.
Épouse, mère de famille, animatrice à ses heures perdues, bientôt ceinture noire de karaté et actuellement en apprentissage d’anglais, Françoise continue de vivre, d’apprendre et de transmettre.
Un rôle d’aidant à prendre au sérieux
Une journée type selon Françoise : un réveil de bonne heure et de bonne humeur, car “la vie appartient à ceux qui se lèvent tôt !”.
Ensuite, elle prend le temps de penser à elle, à la maison, aux tâches ménagères et à prendre un très bon petit-déjeuner équilibré. Puis, vient le temps de mettre sa casquette d’aidante familiale ! Elle note toutes les tâches qu’elle doit réaliser et celles de son mari, elle lui prépare son petit-déjeuner et dresse toute la liste des rendez-vous auxquels il faut penser.
Dans sa journée, Françoise s’occupe de son mari, pense à lui mais ne s’oublie pas. Comme elle le dit si bien : “je dois vivre, pour continuer à l’aider”.
Elle se consacre à des activités qui lui font du bien : bénévolat pour des associations, rendez-vous chez son kinésithérapeute, rencontres entre copines, courses etc.
Rencontrez-vous des difficultés dans votre organisation du quotidien ?
“Je mentirais si je disais que tout était parfait, après beaucoup de recherches, j’ai enfin trouvé des prestataires pouvant venir à notre domicile pour s’occuper de mon conjoint. Personne ne m’a réellement aidé ; après plusieurs appels, échanges avec mon entourage et recherches sur le net, j’ai finalement trouvé les personnes dont on avait besoin.
J’ai beaucoup de chance, car tout au long de ma vie professionnelle, j’ai appris à travailler avec le numérique, à être organisée et à aller à la recherche d’informations. Tout ça m’aide beaucoup dans mon quotidien.”
Comment votre entourage a-t-il réagi face à cette situation ?
“Malgré la réticence de mon mari, j’ai trouvé important d’informer correctement tout notre entourage. Dès le premier AVC, j’ai contacté l’association AVC35, qui a totalement compris ma problématique et qui m’a envoyé un document expliquant les conséquences ainsi que la façon de réagir. J’ai diffusé ce document, à mes enfants et nos amis. Cela a permis d’enlever le tabou et les gens savaient pourquoi mon mari réagissait différemment et comment il fallait interagir.
Je ne me suis jamais senti “isolée”. J’ai toujours continué à voir du monde, c’était important pour moi.”
L’égoïsme positif, un défaut ou une qualité ?
La devise de Bulle d’Autonomie : se faire aider pour continuer à aider. Et Françoise le transmet à la perfection. Elle cultive l’égoïsme positif où penser à soi est une délivrance, un besoin aussi bien pour elle que pour son mari. C’est un équilibre à trouver pour pouvoir continuer à aider dans la durée.
Elle nous dit : “il est heureux, si je suis heureuse”. Il vit aussi au travers des histoires de Françoise, de ce qu’elle a fait de sa journée et de qui elle a rencontré.
Les aidants familiaux vivent un phénomène récurrent : le sentiment de culpabilité. Ce sentiment fait jaillir des émotions négatives, c’est envahissant, c’est douloureux. Etre aidant c’est se sentir investi d’une mission qu’il faut à tout prix honorer en faisant passer le proche aidé avant tout autre chose. Françoise nous le dit, cette culpabilité c’est le poids de la société. “Et puis si tu ne culpabilises pas, ce sont les autres qui te font culpabiliser !”
Pourtant, son message reste clair : “Il est important de penser à soi, sinon personne ne le fera.”
Il faut vivre une situation d’aidant pour bien la comprendre, le jugement ne devrait pas exister. Déléguer auprès de professionnels ne signifie pas que l’on abandonne son proche, bien au contraire. On améliore la qualité du temps passé ensemble. On recentre la relation, ce qui est important.
Avez-vous un conseil pour un jeune aidant ?
“Il faut continuer à vivre, à avoir une vie sociale et à faire les activités que l’on aime !”
C’est comme ça que Françoise se libère, extériorise et se relâche. Au retour de sa journée, elle est apaisée, heureuse de revoir son mari et a de nombreuses choses à lui raconter.
“Il faut continuer à être coquette” nous dit-elle, car même si son époux n’est plus réellement la même personne il continue de l’aimer.
“Il essaie de m’aider comme il peut, et je le laisse faire, car ça lui fait plaisir et ça le stimule.”
Il faut rester positif et ne jamais s’arrêter d’apprendre avec une personne qui est en perte d’autonomie.
Ce sont sur ces mots que nous remercions Françoise. Elle aura été un véritable rayon de soleil dans nos bureaux. Nous en profitons pour le crier haut et fort à tous les aidants qui sont dans une situation difficile : ne restez pas seuls, entourez-vous, garder votre joie de vivre et surtout ne vous oubliez pas ! Vous êtes ESSENTIEL dans la vie de votre proche et vous devez prendre soin de vous.